La psychologie existentielle a une nouvelle approche du surpoids. Il existe deux types de mangeurs : fusionnels ou héroïques. Bien que nous avons tous des traits dans l’un et l’autre, il y a une tendance qui prédomine et qui peut vous aider à comprendre pourquoi vous n’arrivez pas à maigrir. Alors, voici la question que j’aimerais vous poser : quel mangeur êtes-vous ?

Mangeur fusionnel ou héroïque ?

Eudes Séméria, dans son livre « Les pensées qui font maigrir » décrit deux types de mangeurs qui explique le surpoids. En effet, il n’est pas rare d’entendre les personnes en surpoids dirent « c’est plus fort que moi« , comme s’il y avait une force extérieure qui dictait leurs comportements alimentaires.

Le mangeur fusionnel

Selon la psychologie existentielle, le mangeur fusionnel est confronté à un sentiment d’impuissance face à la nourriture, il n’a aucun contrôle sur ce qu’il mange parce que c’est plus fort que lui. D’un point de vue psychologique, le mangeur fusionnel est guidé par une peur de la vie. Ainsi, il est dans une volonté de retrait et d’effacement de soi, refusant son autonomie ce qui le maintient dans des relations de dépendance à l’autre. Pour échapper à la peur de la vie, il tentera d’exister le moins possible.

Les 4 caractéristiques du mangeur fusionnel :

  • le refus de grandir
  • le refus de s’affirmer
  • le refus d’agir
  • le refus de se séparer

 

Le mangeur héroïque

Le mangeur héroïque quant à lui, est habité par un sentiment de puissance et d’autosuffisance. Il a tendance à dénier sa vulnérabilité et la possibilité de sa mort, car sa peur à lui, est la peur de la mort. Ainsi, il tente d’échapper à cette peur en faisant comme s’il pouvait dépasser les limites qui lui sont imposées. Il pense être plus mature que les autres, se sentant ainsi supérieur à autrui. Il préférera les projets personnels aux travaux de groupe puisqu’il estime n’avoir besoin de rien ni personne.

Les 4 caractéristiques du mangeur héroïque :

  • l’illusion de maturité
  • l’illusion d’importance
  • l’illusion de puissance
  • l’illusion d’autosuffisance

 

D’où vient notre rapport à l’alimentation ?

Avec un tel profil, nous pouvons nous demander d’où vient notre rapport à l’alimentation ? La psychologie existentielle identifie deux sources : les injonctions & l’éducation.

Les injonctions dans la perte de poids

Les injonctions sont des sortes de règles silencieuses induites par la famille, la société, les expériences passées, etc. Ce sont des devoirs inconscients qui participent à ce que nous sommes. Il existe une multitude d’injonction de manière générale, mais nous en verrons ici, 3 qui sont communes à tous.

1. L’injonction de grossir

L’injonction de grossir est une injonction universelle. Elle s’active en nous dès la naissance pour la simple et bonne raison que pour survivre, il faut grossir.

Une perte de poids n’a rien de naturelle chez l’être humain, elle est souvent synonyme de maladie ou de danger de mort. L’injonction de grossir est donc une injonction majeure à travailler lorsque l’on souhaite maigrir sinon, c’est l’effet yoyo assuré !

2. L’injonction de débordement

Elle se manifeste par le fait de transgresser les règles, d’empiéter sur l’espace de l’autre, de céder aux tentations, de déborder par le corps, la parole et / ou les actes. Les personnes en proie à l’injonction de débordement arrivent fréquemment en retard, peine à tenir les délais etc …

3. L’injonction d’échappement

Elle se manifeste par les tentatives répétées de sortir du cadre et s’inscrit dans une instabilité générale : changement de travail, déménagement, difficultés à nouer des relations amoureuses et /ou amicales saines. Dans le rapport à l’alimentation, cette notion d’échappement se traduit par la pulsion de manger, une incapacité à se contrôler.

L’éducation et le surpoids

On pourrait parler ici d’injonctions parentales mais l’éducation contient également deux autres niveaux : le gavage et la privation.

Le gavage

On parle de gavage lorsque la figure maternelle répond systématiquement aux pleurs du bébé en lui donnant à manger. Le bébé évolue dans un environnement insécure qui ne lui permet pas de faire l’expérience de la frustration. Une dépendance à autrui s’installe de plus en plus avant de glisser vers une dépendance à la nourriture. La limite entre dedans et dehors est flou, si bien que le surpoids représente une seconde peau protectrice, capable de restaurer les limites entre dedans et dehors.

L’enfant gavé en vient inévitablement à confondre la sensation de faim avec toutes les sensations négatives qui le traversent. Il s’habitue à répondre à ses angoisses par un comportement hyperphagique qui consiste à manger en grande quantité.

La privation

Certains parents, ont tendance à trop restreindre les portions. La restriction alimentaire est loin d’éduquer à la modération et entraîne généralement l’effet inverse. Des études montrent que les enfants soumis à des restrictions ont davantage de risques que les autres de développer plus tard un surpoids ou une obésité.

Les injonction parentales

Il existe des injonctions qui empêchent l’enfant d’exister par lui-même comme :

  • dépêche-toi
  • ne sois pas toi-même
  • ne pense pas
  • ne fais pas
  • etc …

Autant de règles silencieuses qui empêchent l’enfant d’écouter ses propres besoins et de devenir responsable et autonome. Ainsi, adulte, il mangera non pas parce qu’il a faim, mais parce qu’il faut manger ou parce qu’il est l’heure. Il sera totalement coupé de ses sensations puisqu’on ne lui a pas donné la possibilité d’exister par lui-même.

 

Quand la peur de maigrir bloque la perte de poids

Si la peur de l’échec est bien connue, la peur de réussir est moins commune, pourtant, elle existe au même titre que les autres. Ainsi, derrière l’envie de perdre réellement du poids, peut se cacher une peur de maigrir. En effet, maigrir implique un changement qui n’inclut pas uniquement le corps. Maigrir c’est se dévoiler et se découvrir. Etre pleinement soi peut-être suffisamment angoissant pour trouver des bénéfices secondaires au surpoids !

La peur de maigrir cache également la peur de grandir et de devenir adulte puisque le corps mince est vu comme un corps désirable. Cela fait directement écho à la vie intime et à la sexualité.

De même, la peur de maigrir est directement liée à l’injonction de grossir puisque la perte de poids est associée à la mort. Il est important de prendre conscience de ces peurs inconscientes pour maigrir durablement.

Vous avez là un bref aperçu du contenu du livre d’Eudes Séméria que j’ai beaucoup apprécié même si je ne suis pas d’accord avec toutes les solutions qu’il propose à la fin. N’hésitez pas à le lire si vous voulez creuser davantage le sujet de la perte de poids avec la psychologie existentielle.

Psychologie quel mangeur êtes-vous Une nouvelle approche du surpoids